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L’église Notre-Dame de l’Assomption

Derrière une façade Renaissance caractéristique, Notre Dame de Villeneuve est l’un des plus beaux édifices gothiques de l’Yonne. Le début de sa construction se situe au premier quart du XIIIe s., vers 1215. Cette église est dédiée à la Vierge, comme beaucoup au XIIIe s., période de développement du culte marial. Longue de 71 m., large de 19 m., et d’une hauteur sous voûte de 22 m., la nef centrale sans transept est un bel exemple de la maturité de l’art gothique. Bien que la construction des travées se soit échelonnée du XIIIe au XVIe s., l’ensemble présente une grande unité, chacun des maîtres d’œuvre ayant respecté le plan et le type de travée conçus par les premiers architectes ; seuls les éléments de décoration (chapiteaux et moulures des piliers, fenestrages) permettent d’en dater l’évolution.
La façade Renaissance est inspirée dans sa partie basse du modèle antique de l’arc de triomphe avec ses trois portails en plein cintre (1550). La partie haute de la façade, au-dessus des balustres, projetée en 1575 par l’architecte jovinien Jean Chéreau (dessin conservé au Musée-Galerie Carnot) ne sera achevée qu’en 1597, date qui figure à la pointe du pignon. En revanche, les deux tours monumentales projetées par Chéreau, qui eussent culminé à 40 mètres, sont demeurées inachevées après la prise et l’incendie de la ville en 1594. Le portail central, beaucoup plus large, est divisé par un trumeau dont le dais élégant abrite une statue de la Vierge portant l’Enfant Jésus à qui saint Jean-Baptiste offre une corbeille de fleurs ; les autres statues en façade ont été détruites sur le passage des « Marseillais » en 1793.
À l’intérieur, l’influence du gothique champenois se fait bien sentir dans l’omniprésence des grandes baies, réduisant au minimum les murs aveugles : 41 baies, dont 23 dans la nef, diffusent la lumière. Les verticales prédominantes et les colonnes de la nef, sans massivité, allégées par le passage au-dessus des arcades des bas-côtés, sont une influence de l’école bourguignonne ; est champenoise en revanche la galerie de circulation réalisée de façon similaire au niveau des fenêtres des bas-côtés et du déambulatoire.
Seul ajout rompant cette unité : l’aménagement du chœur, de 1756 à 1759, par l’architecte et sculpteur Montpellier, avec le maître-autel de marbre, ses anges et consoles, et surtout le décor rococo des deux palmiers-colonnes surmontés d’un triangle rayonnant brun et or (figuration symbolique du Dieu trinitaire). Dans cette nef, seules les quatre grandes fenêtres au nord du chœur ont conservé leurs vitreries du XIIIe s. :
le Christ et ses disciples sur fond en grisaille claire. Dans la nef, on remarquera la chaire, aménagée au XVIIIe s., et ses boiseries, première moitié du XVIe.
Les grandes verrières de l’axe du chœur, consacrées à la gloire de Marie, ne datent que de 1901 ; elles ont remplacé les vitraux originels gravement endommagés par la grêle de 1805 et à demi occultés par une grande toiture du XVIIIe s. qui couvrait les bas-côtés et l’abside.
Le buffet des grandes orgues, au revers de la façade, a été réalisé vers 1737 par un artisan local, le sieur Gaumont ; l’instrument lui-même, œuvre de Tribuot, complété au XIXe s. par Gadault et restauré en 1998, compte 27 jeux.